Après avoir traversé un long couloir, mes camarades atteignent la salle principale.
Au centre de la pièce se trouve une fille masquée aux cheveux longs ; elle porte une mini-jupe, des talons hauts, et un débardeur très décolleté et très court qui laisse entrevoir son nombril.
Elle retire son masque fuschia – le masque de la Papesse – et dévoile son visage : Celui de Julia, comme on s'y attendait tous.
« Je suis une égoïste.
Je prétends vouloir aider financièrement ma mère et mon frère, mais si c'était vraiment le cas, j'aurais choisi de m'orienter vers un métier qui rapporte. Mais j'ai préféré me faire plaisir et opter pour une carrière artistique, alors que je ne suis même pas sûre d'avoir le talent pour tirer mon épingle du jeu. Peu importe, car le dessin est ma passion, et que le plus important c'est que je me fasse plaisir à Moi !
Ma mère et mon frère n'ont qu'à se débrouiller seuls ! De toutes façons depuis que je suis à Toulouse je ne pense plus à eux. Je ne me souviens même plus de quand remonte le dernier coup de fil que je leur ai passé ! »
Julia rétorque qu'elle s'en souvient parfaitement, et que ça ne remonte pas à si longtemps que ça.
Cela n'empêche pas son double de poursuivre :
« Finalement je suis comme lui. Lui aussi était égoïste et a choisi de nous abandonner. Quand j'y pense, c'est plutôt marrant de voir à quel point je lui ressemble alors que je l'ai à peine connu !
Eh oui Julia, tout ça est la triste vérité ; je le sais, car je suis Toi ! »
L'Ombre a visiblement touché un point sensible, car Julia perd son calme et nie l'accusation avec force : « Je ne suis pas égoïste ! »
Adonis, qui est déjà passé par là, essaie de la raisonner et lui conseille de ne pas se mentir à elle-même ; mais il est déjà trop tard : « Si, tu es égoïste !!! », hurle l'Ombre alors qu'une aura sombre se forme autour d'elle.
Au moment même où elle commence à changer d'apparence, Julia sens ses forces l'abandonner ; c'est un peu comme si sa propre existence était en train de s'effacer afin de laisser la place à son double dont la puissance est en train de croitre de manière exponentielle ; une fois la transformation terminée, Julia est encore debout mais fortement affaiblie.
L'Ombre de Julia a pris l'apparence d'un ours de métal géant ; le masque de la Papesse est posé sur un coin de sa tête, semblable à un noeud dans les cheveux.
« Je suis une Ombre... Le vrai Moi... Le vrai Moi... Moimoimoimoimoimoimoimoi !!! »
À peine a-telle fini de répéter le mot "Moi" en boucle que la créature se met à pousser une hurlement terrifiant. Mais ce n'est pas un simple cri bestial : Je réalise rapidement qu'il s'agit en fait d'une attaque magique qui a pour conséquence de plonger mes compagnons dans un état de peur extrême ! Adonis et Jean-Michel sont littéralement paralysés de terreur, mais heureusement Julia arrive à se maîtriser suffisamment pour utiliser une gemme Me Patra et dissiper le sortilège.
De nouveau libre de leurs mouvements, mes équipiers se lancent à l'assaut de l'ours géant et finissent par découvrir que ce dernier est sensible à la magie du Feu ; en exploitant cette faiblesse, ils finissent par terrasser l'adversaire qui reprend alors sa forme initiale, tandis que les toiles qui décorent la pièce sont redevenues immaculées.
La fausse Julia se relève et se tient immobile, complètement silencieuse, dépourvue de la moindre agressivité. Elle n'attend désormais plus qu'une seule chose...
Julia s'avance et prononce les paroles espérées par son double : Elle reconnait qu'aller faire ses études à Toulouse était peut-être une façon de fuir ses responsabilités familiales, et réalise qu'inconsciemment elle se reprochait d'avoir agi comme son père.
Cette prise de conscience lui permet d'être enfin en paix avec elle-même : Elle a le droit de se montrer un peu égoïste et de vivre pour elle, car elle sait que malgré tout elle sera toujours là pour sa mère et son frère en cas de besoin. Jamais elle n'abandonnera les siens, contrairement à ce qu'a pu faire son père.
C'est cette détermination qui permet à sa Persona de renaître : Alors que le double de Julia fusionne avec son original, nous voyons Callisto perdre les parties d'armure qui la faisaient ressembler à un ours : Elle a désormais l'apparence d'une femme portant un masque blanc fracassé par le talon aiguille d'une chaussure rouge, aux poignets liés, et au torse ligaturé de manière complexe.
Aussitôt après la transfiguration de sa Persona, Julia ressent une profonde fatigue. Mes compagnons d'armes décident qu'il est temps de rentrer : Ils activent le téléporteur du dernier étage et l'utilisent pour me rejoindre. Nous nous rendons ensuite dans le parking souterrain, traversons le mur de lumière, et nous retrouvons dans la rame de métro. Il est minuit, nous sommes dans le Monde Réel.
Une fois arrivés à la station Jean Jaurès, nous sortons de la rame pour changer de ligne ; Jean-Michel propose à Julia de la raccompagner chez elle, soi-disant parce qu'il estime qu'elle n'est pas en état de rentrer seule (je pense plutôt que le fait d'avoir vu son double en mini-jupe lui a donné des idées). Mais vu qu'Adonis habite dans la même résidence que Julia, c'est finalement lui qui l'aide à rentrer chez elle : Déçu et résigné, Jean-Michel monte finalement avec moi pour se rendre à François Verdier tandis que nos deux autres camarades prennent la ligne B dans l'autre sens pour aller à Compans-Caffarelli.
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