dimanche 15 novembre 2015

Le combat final

Adonis propose que l'on descende tous, Samir y compris : C'est l'affrontement final, autant lancer toutes nos forces dans la bataille ! Jean-Michel désapprouve cette idée et met en avant le fait qu'il nous reste encore 15 jours d'ici la Fin du Monde ; si les choses tournent mal, il vaut mieux pouvoir fuir et remettre le combat à plus tard avec une meilleure stratégie plutôt que de périr aujourd'hui faute de préparation. Samir décide donc de rester en haut des escaliers afin de nous guider.

Nous descendons les marches pendant de longues minutes. Nous nous retrouvons dans une salle sphérique dont les parois sont constituées de racines entrelacées.
Au centre de la salle se trouve une créature haute d'environ 6 mètres ayant l'apparence d'un arbre à deux troncs surmontés chacun par un buste de femme ; une robe blanche recouvre le haut de leur corps, avant de se transformer en dessous de la taille en un long ruban de tissu enroulé le long du tronc.
  • L'écorce du tronc de droite est sombre et desséchée, et les cheveux en bataille de la femme qui le termine ont la couleur des feuilles mortes ; des ronces brunes dépassent de sa chevelure et ondulent comme des tentacules ; 
  • L'écorce du tronc de gauche est plus claire, et des branches ornées de feuilles d'un vert éclatant poussent ça et là ; malgré l'absence de lunettes et la longueur inhabituelle de ses cheveux blonds, nous reconnaissons sans problème le visage empli de tristesse de la jeune femme : Il s'agit de Corinne ! 
Adonis propose que nous retournions à la maison afin de prendre du désherbant. Ce trait d'humour attire l'attention de la Déesse, qui tourne aussitôt la tête dans notre direction.
« Voici donc ces fameux amis dont tu m'as parlés. Nous vous attendions. Je suis Tellus, la Déesse-Mère, votre Souveraine. » 
Les yeux de Cérès sont embrumés de larmes : « Je suis désolée, je n'ai pas réussi à la stopper. Je vous en prie, empêchez-la de détruire le Monde ! »
« Pauvre sotte ! Détruire cette Humanité nuisible qui aspire à sa propre destruction, ce n'est pas la même chose que détruire le Monde : La planète et les espèces animales et végétales continueront à vivre après l'extermination des humains, c'est même la seule solution pour garantir leur existence. »
« C'est toi qui ne comprends pas : Sans les humains, le Monde n'est plus le Monde ! J'ai conscience de tout le mal qu'ils font à la planète et aux autres espèces, mais je sais aussi qu'ils sont capables de choses merveilleuses et qu'ils sont suffisamment évolués pour trouver un jour un moyen de vivre sans nuire à la planète. » 
« Dans combien de temps ? Et combien d'espèces vont-ils encore éliminer avant d'y parvenir ? De toute façon à part toi et ton petit groupe d'amis, plus personne ne croit qu'une telle cohabitation soit possible ! Il faut vous rendre à l'évidence : L'Humanité souhaite sa propre disparition, vous devez vous plier à la volonté de la majorité ! Soyez les premiers à recevoir la bénédiction de la Déesse-Mère : Adieu ! »
« Nooooooon !!! »
Mais la protestation de Cérès est inutile : Tellus est déjà en train de lancer le sort Mamudoon contre nous ! Par chance, nous parvenons tous à encaisser cette attaque sans subir de pertes (nos homoncules n'ont même pas eu besoin de se sacrifier pour nous sauver la vie).
Ça y est, le combat final a commencé !

Nous nous lançons à l'assaut de Tellus et parvenons à la blesser un peu avant qu'elle n'ait le temps de déployer ses ronces ; je réussis à les esquiver, mais Alain n'a pas cette chance ; pendant qu'Ethan le libère de ses entraves, Cérès lance un sort de guérison sur l'autre partie de l'arbre.
« Quoi ?! Elle soigne Tellus ? Mais alors, c'est notre ennemie ? »
Non, ce n'est pas possible ! Il y a encore quelques instants, elle nous a supplié d'arrêter son double ! Tellus doit probablement la contrôler...
La Déesse profite de notre étonnement pour lancer une nouvelle offensive et parvient à blesser la plupart d'entre nous. Les dégâts ne sont pas trop importants, mais suffisants pour que Jean-Michel se retrouve par terre. Il tourne sa tête en direction de Cérès et la supplie de nous aider. Notre amie réussit l'espace d'un instant à échapper à l'emprise de Tellus et lance un nouveau sort de soin, mais sur nous cette fois-ci.
« Je suis désolée, c'est tout ce que je peux faire pour vous aider... »

Ceux qui doutaient encore de Cérès réalisent qu'elle est toujours de notre côté, mais que Tellus la contrôle afin de bénéficier de ses pouvoirs de guérison. Le combat se poursuit, avec notre amie qui soigne indifféremment les membres des deux camps. Au bout d'une dizaine de minutes, Samir nous annonce que nos assauts ont tellement affaibli Tellus que notre prochaine attaque pourrait bien nous faire remporter le combat. Mais avant même que nous ayons eu le temps de donner le coup de grâce, voilà que notre ennemie est intégralement soignée par une Cérès totalement désemparée !
C'est pas vrai ! Dire que nous étions si proches de la victoire ! 

« Si ce combat continue à s'éterniser, les choses vont finir par tourner en notre défaveur ! » nous fait remarquer Ethan.
Il a raison : Nous sommes trop nombreux pour que Corinne puisse soigner notre groupe aussi efficacement qu'elle soigne Tellus ; et, déjà que nous avons du mal à blesser la Déesse suffisamment vite entre deux sorts de guérison malgré notre supériorité numérique, ça sera encore plus compliqué quand certains d'entre nous ne seront plus en mesure de se battre et que notre force de frappe aura diminué !
Si seulement on pouvait empêcher Cérès d'agir... Mais je ne vois pas comment, autrement qu'en lui faisant du mal... ce qui est absolument HORS DE QUESTION !

« Il n'y aurait pas un moyen de séparer les deux Déesses ? » se demande Jean-Michel.
« Attendez, je vais essayer quelque chose... »
Sans trop y croire, Julia lance un sort de Feu sur la base commune de l'arbre ; à la surprise générale, cette tentative réussit à entamer le lien qui unit Cérès à Tellus ! Nous décidons donc de concentrer nos attaques sur la blessure que les flammes ont infligée au tronc et, après quelques coups, c'est Adonis qui parvient finalement à détacher notre amie !
La partie gauche de l'arbre s'écroule et, une fois au sol, reprend une apparence humaine ; nous sommes soulagés de constater que son corps ne présente aucune blessure apparente (malgré le fait que nous l'ayons brûlée et coupée afin de la séparer de Tellus !).

Alors que Corinne est en train de se relever, je remarque que notre ennemie est sur le point de déployer ses ronces afin de la capturer à nouveau.
« Attention ! »
Je me précipite vers elle, mais Alain se montre plus rapide que moi et invoque sa Persona afin de protéger notre amie ; non seulement la Lame Céleste de Lancelot parvient à découper la menace, mais en plus elle inflige une sérieuse blessure sur le ventre de bois mort de Tellus, qui ne s'attendait pas à être touchée elle aussi par cette attaque !
C'est le moment ! Il ne faut pas laisser passer une telle chance !
« Elle est déstabilisée ! C'est le moment de foncer dans le tas ! Chaaaargez !!! »
Nous partons tous à l'assaut de la Déesse, qui n'a même pas le temps de réagir. Nous la frappons à multiples reprises de toutes nos forces. Et, soudain, son corps bascule en arrière ! C'est alors que je réalise que nous venons de la déraciner et qu'elle est en train de tomber !

Le sol tremble au moment de l'impact, comme ça avait été le cas lors de la chute de Cérès. Et nous voyons le corps de Tellus commencer à se désintégrer tandis qu'il s'enfonce lentement dans la flaque noire qui vient de se former juste en dessous.
Nous avons réussi ! Nous avons vaincu Tellus !!!

Mais notre joie est de courte durée : Dans un ultime élan désespéré, notre ennemie déploie une dernière fois ses ronces et parvient à capturer Corinne !
Nous invoquons nos Personas afin d'empêcher Tellus d'entrainer notre amie dans sa chute, mais elles ont beau trancher, brûler ou geler les ronces, ces dernières repoussent aussitôt !
« C'est le pouvoir de guérison de Corinne ! Tellus a réussi à rétablir un lien avec elle ! » nous annonce Samir par télépathie.

Réalisant que nous ne pourrons pas détruire les ronces, Adonis se précipite vers Corinne et l'attrape par la main afin de la retenir. Mais il n'est pas assez fort pour l'éloigner de la flaque noire, et ils commencent tous les deux à s'en rapprocher dangereusement...
« Il faut l'aider ! »
Jean-Michel se précipite à son tour et attrape l'autre main d'Adonis ; je le talonne de peu et complète la chaîne humaine : « Jean-Michel ! Ta main ! »
Julia hésite un instant, puis finit par attraper la mienne tandis que Tellus sombre totalement dans les limbes : Désormais seules les ronces émergent encore, mais malgré cela elles n'ont pas pour autant lâché prise et continuent à nous attirer vers la flaque noire ! Quant à celles qui n'ont pas agrippé Corinne, elles se mettent à s'agiter dans tous les sens, comme agitées par des spasmes de douleur. Leur mouvement est totalement erratique, et soudain l'une d'elles percute violemment Jean-Michel, lui faisant lâcher la main d'Adonis !

Débarrassées de notre contrepoids, les ronces qui entravaient Corinne parviennent à l'attirer, elle et Adonis, au sein de la flaque noire par laquelle ils finissent par être engloutis.
Nous crions leurs prénoms, mais n'obtenons aucune réponse. Totalement impuissants, nous voyons la flaque se rétrécir au point de finalement disparaître : Le passage s'est refermé, et Samir ne parvient plus à ressentir leur présence désormais.

« Ils ont... disparu ?! »
« Non, ce n'est pas possible ! Dire qu'on avait vaincu Tellus ! »
« Corinne... Adonis.... C'est tellement injuste ! »
« Tout est de ma faute. Si je n'avais pas lâché sa main... »
« Tu n'y es pour rien ! Personne n'aurait pu encaisser un tel coup sans broncher ! »

Je n'arrive pas à détacher le regard du centre désespérément vide de la pièce. Ma vision se trouble à mesure que les larmes me montent aux yeux.
Corinne... Adonis... Où êtes-vous ? Est-ce que vous êtes encore en vie ?

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